Imaginez-vous, un lundi matin, des tableaux de bord métier qui voient rouge, une ribambelle de tâches automatisées qui ont échoué dans la nuit, et des équipes data déjà en cellule de crise alors que la semaine commence à peine. Sur le papier, l’architecture est belle, documentée et urbanisée… mais dans la réalité, chaque modification de source peut casser un flux en bout de chaîne et mettre la DSI sous tension. C’est précisément dans cet écart entre schéma cible et vie réelle des flux que le « DataOps » prend tout son sens. Non pas comme une couche de méthodologie en plus, mais comme une manière de faire respirer l’architecture data et d’aligner les pratiques quotidiennes avec la vision d’ensemble.
Du schéma d’architecture statique au cycle de vie continu des données
Pendant longtemps, les architectures de données se sont construites par couches successives.
Un ERP ici, un CRM par-là, puis un ETL, un data warehouse, et parfois un data lake venu s’ajouter à l’ensemble.
Le rôle de la DSI était souvent de faire tenir tout cela, tant bien que mal, avec des interfaces plus ou moins standardisées.
Les approches DataOps changent ici la perspective. Le point de départ n’est plus le schéma applicatif, mais le cycle de vie des données et la manière dont elles traversent ces briques. Le DataOps est une méthodologie collaborative qui optimise communication, intégration et automatisation des flux entre gestionnaires et consommateurs de données.
La dimension de « gouvernance moderne » est également importante, à la croisée du DevOps et du data management, avec un objectif clair : livrer des données fiables plus vite, en continu, en cassant les silos entre data engineers, équipes IT et métiers.
Plus globalement, 80 % des entreprises visent à maximiser la valeur de leurs données et environ la moitié considère la gouvernance des données comme une fonction stratégique (étude ESSEC). Autrement dit, la prise de conscience est là, mais les pratiques doivent suivre.
Dans ce contexte, l’architecture doit devenir un cadre vivant qui doit absorber les itérations DataOps, les nouveaux cas d’usage IA, les exigences réglementaires qui se durcissent, de l’AI Act à la montée en puissance des contrôles sur le RGPD.
« Le DataOps ne remplace pas l’architecture, il la met en mouvement. La question n’est plus seulement de dessiner des couches, mais d’organiser des cycles de vie de données observables, traçables et gouvernés. »
Comment construire une architecture compatible DataOps ?
À partir de là, une question clé se pose pour la DSI. Comment faire évoluer l’architecture du SI pour qu’elle devienne un terrain de jeu naturel pour les équipes DataOps (plutôt qu’un obstacle) ?
Premier point fondamental, l’agilité de l’entreprise repose sur la capacité à faire circuler les données entre processus et applications, dans une logique de plateforme, en combinant BPM pour les processus et ESB pour les flux.
Une architecture DataOps ready prolonge cette philosophie. Elle aligne les briques d’intégration, de gouvernance et d’exécution autour de quelques principes structurants.
Parmi ces principes, trois reviennent systématiquement lorsque nous accompagnons des DSI dans cette trajectoire :
- Une observabilité native des flux, du connecteur source jusqu’aux rapports, modèles IA et API exposées aux partenaires, avec des métriques lisibles par les équipes métiers autant que par les équipes data.
- Des objets métier et techniques standardisés, pour éviter la multiplication de définitions concurrentes qui rendent chaque évolution douloureuse et chaque correction risquée.
- Une plateforme d’échange capable de traiter dans un même référentiel les dimensions processus, données et exposition, en réunissant ESB, BPM, MDM, catalogue et API management au lieu de fragmenter la vision par silos d’outils.
« Une architecture DataOps ready est un ensemble de conventions partagées qui permettent de brancher un nouveau flux sans recréer une usine à gaz. »
Bien sûr, reste un défi très concret pour la plupart des organisations. Comment concevoir ce type d’architecture dans un SI déjà saturé ?
Faire entrer le DataOps dans un SI existant sans tout casser
Aucune DSI ne part réellement de zéro. Les équipes doivent généralement composer avec des ERP historiques (plus ou moins souples), des applications métiers spécifiques, parfois plusieurs générations d’outils d’intégration, des référentiels partiels, des flux BtoB gérés en EDI ou par des scripts hérités.
Plutôt que de viser une refonte globale, l’enjeu est de reprendre progressivement la main sur les flux, en plaçant un bus applicatif et une plateforme d’échange de données au cœur du dispositif.
Dans une logique DataOps, la trajectoire ressemble davantage à un enchaînement de vagues successives qu’à un « big bang » de l’architecture.
Une démarche efficace comporte souvent trois temps :
- Cartographier les flux existants à partir des besoins métiers, en reliant processus, données manipulées et applications impliquées, pour identifier les points de fragilité et les redondances.
- Sécuriser les flux critiques en les basculant sur une plateforme d’intégration qui apporte médiation, supervision et traçabilité, tout en exposant des services standardisés aux applications existantes.
- Industrialiser progressivement les pipelines en appliquant les pratiques DataOps, depuis la gestion de version des transformations jusqu’aux tests de régression et à la surveillance automatisée des incidents.
Cette méthode présente au moins deux avantages très concrets pour la DSI. Tout d’abord elle crée des résultats visibles rapidement, sous forme de gains de qualité de service sur quelques flux à forte valeur, tout en construisant un socle réutilisable pour les cas d’usage suivants. Et ensuite, elle redonne un rôle de chef d’orchestre à la DSI, qui ne se contente plus de connecter des briques au coup par coup mais propose une trajectoire d’urbanisation data crédible.
« Introduire le DataOps dans un SI existant, c’est accepter la cohabitation entre l’héritage et le futur, tout en créant un point de passage obligé pour les nouveaux flux. Ce point de passage, c’est la plateforme d’intégration. »
Plateforme d’intégration et DataOps même combat
Une fois ces premiers flux basculés sur la nouvelle plateforme, une dynamique vertueuse peut s’installer. En règle générale, les métiers constatent assez rapidement la différence en termes de fiabilité et de délais de mise en œuvre. Les équipes data disposent d’un terrain plus stable pour déployer leurs pipelines analytiques ou leurs cas d’usage IA.
L’architecture commence à se simplifier, non pas par décret, mais par usage.
L’interopérabilité des processus de données est le cœur de l’agilité de l’entreprise. Et cette interopérabilité se concrétise par une plateforme intégrée qui réunit BPM pour la gestion des processus, ESB pour l’orchestration des flux de données et MDM pour la maîtrise des référentiels, tout en plaçant l’humain au centre.
Lorsque vous regardez cette plateforme « avec des lunettes DataOps », vous y voyez un socle naturel pour industrialiser vos flux de données.
- L’ESB central permet de standardiser les points d’entrée et de sortie, de tracer chaque transformation et de surveiller l’état des flux en temps réel.
- Le moteur BPM oriente les tâches humaines et techniques, ce qui facilite l’insertion de contrôles manuels là où ils créent de la valeur et leur automatisation lorsque le processus est stabilisé.
- Le MDM consolide les objets de référence, condition indispensable pour que les pipelines manipulent des données cohérentes et opposables.
- Le data catalog cartographie les sources et les usages, en fournissant le contexte et la traçabilité attendus par les métiers, les équipes IA et les régulateurs.
La différence avec une pile d’outils disparates réside dans la continuité offerte par ce type de plateforme. Le DataOps ne vient plus se greffer au cas par cas sur chaque nouveau projet.
Il s’appuie sur des mécanismes transverses déjà en place, que ce soit pour les tests, le monitoring, la gestion des versions de flux ou la documentation des règles de transformation.
« Quand la plateforme d’intégration porte nativement les pratiques DataOps, chaque nouveau flux rejoint simplement une structure déjà organisée. »
Faites de vos flux de données un levier d’architecture
Si nous revenons à notre fâcheux épisode du lundi matin, dans une organisation où DataOps et architecture avancent ensemble, les incidents deviennent visibles, localisables et gérables. Les traitements planifiés sont supervisés, les écarts sont expliqués, les impacts sur les indicateurs sont maîtrisés.
C’est aussi sur cette base que peuvent se greffer les autres pratiques « Ops ». FinOps s’appuie sur des données fiables pour piloter les coûts cloud et rapprocher équipes IT, métiers et finance. AIOps exploite les traces et métriques pour automatiser la détection et la résolution des incidents. Et MLOps industrialise les modèles d’IA en capitalisant sur des pipelines de données déjà gouvernés.
Dans tous les cas, vos pratiques DataOps et votre architecture d’intégration deviennent le socle opérationnel de l’ensemble de ces disciplines, et un levier concret pour reprendre la main sur vos flux.
Chez Blueway, nous sommes convaincus que cette convergence est la clé pour sortir du dilemme permanent entre rapidité d’exécution et maîtrise du SI. Une architecture pensée pour les flux, portée par une plateforme qui intègre processus et données, devient un accélérateur naturel pour vos démarches DataOps, vos projets IA et vos enjeux de conformité.
Article mis à jour le 26/11/2025

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